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Le loup et la lune7 minutes de lecture (estimée)

Pour information, avant de commencer votre lecture, sachez que les personnages sont inspirés du travail de Chiara Bautista (https://www.facebook.com/chiarabautistaartwork) que je vous invite à aller voir. J’aime bien son travail, que ce soit son style ou la poésie qu’elle y véhicule.
Sachez également que le nom du loup s’inspire directement du nom de l’étoile la plus brillante de la petite ours, étant une étoile double (je ne le donne pas, histoire de ne pas le spoiler).

Au milieu du petit bosquet, dormait paisiblement un petit plan d’eau, de la taille d’une mare qui aurait oublié de grandir. Tout autour, de grands arbres aux feuilles d’un vert profond, montaient la garde pour s’assurer que rien ni personne ne vienne troubler la quiétude du lieu. Le vent soufflait en une agréable brise, ébouriffant l’herbe qui habillait la légère pente qui menait à la mare. Un grillon offrait une jolie mélodie à la scène, souhaitant accompagner le souffle du vent.

Soudainement, le chanteur se tut, laissant un silence léger se déposer sur la petite cuve. Entre deux arbres, qui s’ils avaient été observés de près, on aurait pu les voir rougir, une jeune femme nue se pencha pour observer la mare et ses alentours. Après s’être assurée que la voie était libre, elle s’avança vers l’eau. Ses pas laissaient voleter de petites billes lumineuses, telles des lucioles, venant former progressivement de nombreux petits animaux qui se mirent à jouer entre eux. Sa peau d’une pâleur faisant bouillir de jalousie la lune, reflétait les rayons de la jalouse pleine ; ses longs cheveux, épais comme ses bras fins, flirtaient avec ses chevilles à mesure qu’elle s’approchait de l’eau. Arrivant à son bord, elle la goûta timidement de son pied et réprima une grimace, avant d’y entrer. Elle poussa un soupir de plaisir alors que l’eau fraîche venait l’embrasser et elle bascula sur le dos, se laissant flotter, les yeux fermés. Le vent soufflait toujours tranquillement, accomplissant la tâche qui lui était confiée, ébouriffant l’herbe et les arbres. Elle plongea la tête sous l’eau, appréciant la fraîche caresse sur son visage, agréable en ce milieu d’été.

Alors qu’elle s’amusait à laisser courir des gouttes le long d’un de ses bras, un bruit attira son attention parmi les arbres censés protéger la cuve. Là, deux sphères lumineuses, fendues en leur centre et d’un jaune ambré, l’observaient. Tout autour, les animaux lumineux qu’elle avait créés en marchant avaient stoppé leur jeu, fixant avec inquiétude les yeux perdus dans l’obscurité. Elle ne ressentit pas de peur, mais plus de la curiosité, se répandant progressivement dans tout son corps, de celle qui vous donne envie de rencontrer une nouvelle personne, vous poussant à faire le premier pas.

– Hey, n’ai pas peur, dit-elle gaiement à destination du propriétaire des yeux, je ne vais pas te manger.

Sans répondre, ils avancèrent lentement vers elle, le regard toujours ancré sur elle. Les rayons sélénites vinrent baigner une énorme patte noire, précédant de peu le grand loup à qui elle appartenait. Son poil d’un noir profond, brillant étrangement sous la lune, le couvrait intégralement, à l’exception d’une tache blanche au niveau du poitrail dont la forme rappelait à s’y méprendre une étoile.

– Tu n’as pas peur de moi ? s’enquit d’une voix grave et posée le loup.

– Non, je devrais ? Lui demanda à son tour la jeune femme.

– Je ne saurais te dire si tu le dois ou non, admit-il après un court instant, mais tout le monde me fuit, sans que je ne sache pour quelle raison.

– C’est triste ! Viens me voir, je ne te ferais pas de mal, n’y aurais peur de toi, je te le promets !

En silence, d’un pas souple, le canidé s’approcha de la mare avant de s’asseoir à son bord, le regard toujours posé sur la jeune femme.      

– Au fait, pourquoi es-tu là ? Lui demanda-t-elle, innocemment. Je viens régulièrement ici, et c’est la première fois que je te vois. Une fois par mois, et parfois deux, mais c’est lorsque j’ai vraiment envie de venir, pour être honnête.

– Je suis toujours ici, mais en général, je ne me montre pas. Que ce soit ici ou ailleurs, je préfère rester caché, appréciant d’avantage la douceur de la solitude que l’agitation de l’accompagnement.

– C’est bizarre, je pensais que les loups vivaient en meutes… Et pourquoi ne veux-tu pas que les gens te voient ? Tu n’as pas l’air méchant.

– Je suis différent des autres loups, n’en étant pas vraiment un, mais j’apprécie en prendre les traits. Et toi, que fais-tu ici ? Demanda timidement le loup, la tête inclinée sur le côté.

– J’adore cette cuvette, dit-elle en la désignant d’un geste. L’eau y est toujours à la température idéale, les arbres me permettent de me soustraire à la vue de tous, et j’ai toujours la compagnie de ces petites créatures, toutes plus mignonnes les unes que les autres. Et la lune l’éclaire à chaque fois d’une pale lumière, permettant de voir convenablement. Tu n’as pas répondu à ma question, j’imagine que ce n’est pas un sujet que tu souhaites aborder. Je comprends, certaines choses ne sont pas simples.

Le loup porta son attention sur les créatures que la jeune femme avait présenté un instant plus tôt. Il s’agissait de petits animaux, comme des lapins, des fouines, des écureuils, des pinsons, entièrement constitués d’une matière fluorescente, les faisant briller dans la faible lumière de la pleine lune.

– Ce n’est pas vraiment que je ne souhaite pas être vu, je dirais que je préfère la compagnie de la solitude à celle de mes congénères ou des autres espèces. Beaucoup sont ceux qui exècrent la solitude alors qu’elle est une partenaire de choix. Elle sait être une oreille digne d’écoute et de confiance en cas de besoin, mais elle ne vous répondra jamais. Elle ne vous jugera pas ou n’émettra pas de critique, mais elle vous laissera avec vos pensées. Enfin, elle ne ment pas, ce qui à mon avis est la raison pour laquelle elle n’est pas appréciée.

– Tu as l’air de bien la connaître, et je t’avoue que je n’avais pas vu les choses ainsi. Je n’aime pas être seule, et c’est probablement pour cela que je recherche la compagnie de ces créatures. Même si elles ne parlent pas, les savoir auprès de moi me rassure. Et, lorsque je suis là-haut, dit-elle en pointant la lune du doigt, je ne suis jamais seule, je peux compter sur la présence de milliard d’étoiles.

Le silence les rejoignit alors qu’ils laissèrent leurs pensées s’envoler vers les étoiles, infinité de points lumineux sur une infinité bien plus grande d’obscurité totale. Absorbés par la contemplation, ils laissèrent le temps passer, à profiter simplement.

– Tu sais, Loup, ces moments de calme, je les affectionne plus que tout. Ils me font penser à la solitude dont tu parlais avec tant de passion.

– Oui, il est tout à fait juste de les comparer. Ils nous permettent d’être avec la personne qui devrait compter le plus pour nous, nous même.

Sur ces mots, la jeune femme se leva souplement, l’eau lui arrivant à la taille, glissant son regard dans celui du loup.

– Loup, Je suis désolée, mais le soleil va se lever, alors je souhaite savoir, est-il possible que la prochaine fois que je viendrais ici, nous nous revoyions ? J’ai apprécié passer du temps avec toi, alors j’aimerai recommencer.

– Bien sûr, répondit-il simplement. Je suis ici bien souvent, alors si je t’apperçois, je m’annoncerai.

– Avant de partir, Loup, veux-tu bien me donner ton nom ?

De nouveau, il l’observa un moment en silence, avant de répondre.

– De ce que j’ai entendu, les rares personnes à m’avoir donné un nom m’ont nommé Sirius. Tu peux continuer à m’appeler Loup, ou choisir ce nom, cela n’a pas d’importance pour moi.

– Merci pour ta réponse Sirius, je préfère t’appeler par ton nom, plutôt que d’utiliser le nom de ton espèce. Tu es unique pour moi, alors j’aimerai que le nom que tu portes reflète cette unicité.

– Merci pour ce compliment, répondit Sirius modestement, touché. Et toi, comment dois-je t’appeler ? – Je suis la Lune, alors appelle-moi Lune, simplement.        

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